– Maître, pourquoi pratiquons-nous l’iaido ? demanda le disciple.
– Pour devenir meilleur, répondit le maître.
Pourquoi pratiquer l’iaido ? Quels bienfaits en retirer ? En quoi la pratique de l’iaido nous rend-elle meilleur ? Tentative de réponse.
Dans notre article précèdent, La voie de l’unité de l’être, nous avons vu qu’au fur et à mesure de notre pratique, l’iaido évolue d’un art de donner la mort à la voie qui préserve la vie, cette transformation ne pouvant se réaliser qu’en unissant notre corps et notre esprit dans un premier temps, et notre être avec l’univers comme finalité. Pour atteindre cette unité, il est indispensable d’expérimenter nos différents corps : physique, émotionnel, mental et spirituel.
Les bienfaits de l’exercice physique ne sont plus à démontrer : pratiquer une activité physique permet de rester actif et en bonne santé plus longtemps. Bien que considéré comme un art martial « doux », l’iaido n’en reste pas moins un art martial. A ce titre, il permet de travailler et d’entretenir :
- notre musculature, particulièrement au niveau des jambes : nombreux sont les katas se pratiquant à genoux (en seiza ou tate hiza) avec des passages en position debout et retour au sol ;
- notre équilibre : éviter de se jeter en avant lors des déplacements, rester bien centrer au moment des coupes, se redresser à partir d’une position au sol… ;
- notre posture : un samouraï se doit de se tenir droit et fier, le regard haut ;
- notre rythme : travailler lentement afin de bien maîtriser les mouvements et progressivement donner vie aux katas ;
- notre respiration : inspirer et expirer aux moments opportuns ;
- notre endurance : enchaîner les différentes séries de katas les unes à la suite des autres ;
- la relaxation : travailler relâché et détendu permet d’éviter les douleurs musculaires et autres tendinites (épicondylite).
L’iaido a également une influence positive non négligeable sur la gestion de nos émotions. Celles-ci (colère, excitation, énervement, déprime, stress…) se ressentent immanquablement dans notre pratique : les mouvements sont mal exécutés, trop rapides, trop crispés ; nous commettons des erreurs dans les scénarios des katas, leur ordre, etc. Il convient donc d’abandonner nos soucis et nos problèmes dès notre arrivée au dojo. Le vestiaire peut ainsi être vu comme un sas, un purgatoire, où nous abandonnons ces émotions perturbatrices pour revêtir notre tenue d’entraînement. Nous effectuons ainsi un retour au calme propice à la pratique. Cette étape peut également être exécutée ou continuée durant le mokuso du début de cours, une petite méditation dont le but est de nous préparer à la pratique à venir. Le calme et la sérénité obtenue par la pratique durant l’entraînement perdureront bien après la fin de celui-ci.
De la même manière qu’il agit sur nos émotions, l’ialdo va apaiser notre mental. Notre cerveau génère en permanence une multitude de pensées parasites qui viennent perturber notre attention, rendant notre concentration très compliquée. Enchaîner les différents katas ou séries de katas permet à notre cerveau de mettre le focus sur un objectif précis. Il n’a donc plus besoin de combler un vide en générant des pensées. Un autre bienfait au niveau mental : entraîner notre mémoire : il convient en effet, au fur et mesure de notre évolution, de mémoriser plus de 50 katas, de retenir leur nom, signification, ordre dans les séries, scénario, déplacements, les détails de chaque coupe, chaque garde, chaque mouvement.
Ce travail à la fois physique, émotionnel et mental amène à la découverte d’une voie plus spirituelle de la pratique. A force de toujours répéter les mêmes katas, les mêmes mouvements, il n’est plus nécessaire de réfléchir au mouvement suivant, l’enchaînement se fait naturellement. Nous travaillons alors « en mode automatique », libérant ainsi notre esprit de ces contraintes physiques ou mentales mais tout en restant conscient de ce que nous faisons et de comment nous le faisons. L’exécution des katas prend alors la forme d’une méditation en mouvement, propice à l’union du corps et l’esprit. Ce n’est pas un hasard si de nombreux samouraïs pratiquaient le bouddhisme et plus particulièrement le bouddhisme zen. Celui-ci leur permettait de modeler leur esprit et de se libérer de tout attachement.
Pour conclure, travailler ces différentes facettes d’un même être ouvre au pratiquant un chemin vers une meilleure connaissance de lui-même, lui apportant ainsi plus de confiance en lui, de sérénité, d’affirmation de soi, d’accomplissement personnel dont les bienfaits se feront sentir dans des situations bien plus larges que le cadre de la pratique dans un dojo.
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