Skip to content

Tsuba, la garde du sabre japonais

Last updated on 15 avril 2025

Le terme Tsuba désigne la garde d’un sabre japonais, qu’il s’agisse d’un katana, d’un wakizashi ou de tout autre type de sabre.

Les premières tsubas datent du VIème siècle. Elles ne se popularisent cependant qu’à partir du VIIIème siècle. A cette époque, leur rôle est uniquement défensif. En effet, la première fonction d’une tsuba est de protéger les mains du porteur du sabre en empêchant celles-ci de glisser vers le tranchant de la lame, lors d’un tsuki par exemple ; la deuxième est d’arrêter la coupe de l’adversaire : en cas de parade lors d’une attaque, le sabre de l’assaillant viendra glisser le long de la lame pour finir sa course au bas de celle-ci, dans la tsuba.

L’utilité des premières tsubas étant purement technique, leur design est minimaliste et fonctionnel. Aucune recherche esthétique n’est privilégiée. Leurs formes vont du simple cercle à la goutte d’eau. Il faudra attendre le XVIIème siècle pour trouver des tsubas travaillées comme nous les connaissons aujourd’hui.

La tsuba joue également un rôle très important dans l’équilibre du sabre. Son poids, variant généralement de 70 à 130 grammes environ, va ainsi déterminer le point d’équilibre du katana : une tsuba lourde amènera ce point d’équilibre proche de la tsuka, la poignée du sabre, permettant un meilleur maniement du katana ; une tsuba plus légère déplacera ce centre de gravité vers la pointe de la lame, le kissaki, et facilitera la coupe.

A partir du XVIIème siècle (et la célèbre bataille de Sekigahara), le Japon, jusqu’alors tiraillé par les nombreuses guerres de clans, va connaître une période de paix relative. Les combats seront beaucoup moins nombreux et la fonction du katana va changer : d’une arme de guerre et de mort, elle va progressivement se transformer en un objet de prestige utilisé par les samouraïs pour afficher leur rang et leur goûts. L’esthétique du katana va évoluer, notamment au niveau des tsubas qui vont devenir de véritables œuvres d’art.

Cette évolution esthétique va se matérialiser au niveau de la forme, des motifs ou encore des matériaux utilisés.

Même si le cercle (Marugata) reste la forme la plus courante, d’autres gabarits tels que le carré aux bords arrondis (kakugata), le pétale de fleur (Mokkogata) et bien d’autres vont faire leur apparition. Leurs dimensions vont de 5 à 10 centimètres de diamètre bien que la majorité d’entre elles mesurent environ 7 centimètres.

Tsuba Musashi
Tsuba Musashi

De nombreux motifs vont venir orner ces nouvelles formes, manifestant tantôt le rang de son propriétaire, tantôt ses goûts ou encore son appartenance à un clan. Les motifs les plus courants sont animaliers (Libellule, grue, dragon, serpent, tigre, crustacé… ), floraux (bambou, arbuste, ginko, fougère, sakura, chrysanthème…), géométriques, géographiques, inspirés de scènes du quotidien ou de légendes, de la nature (vague, mont Fuji…), etc. Certaines familles de samouraïs (les Yagyu, les Hanjiro…) vont y reproduire leurs armoiries (Kamon). Certaines célèbres lignées de forgerons (Hirata, Umetada) se spécialiseront dans la fabrication de tsubas et créeront leurs propres motifs. Ils n’hésiteront pas également à signer leur travail.

Ces motifs peuvent être gravés, émaillés ou ajourés et ornent généralement la face avant (omote) de la tsuba, c’est-à-dire la face qui se situe du côté de la tsuka, la face vue par les adversaires quand le sabre est porté à la ceinture. La face arrière (ura), à savoir celle située du côté de la lame et donc moins visible car contre le corps du samouraï quand le sabre est porté à la ceinture, n’est généralement que peu ou pas décorée.

Les tsubas sont le plus souvent fabriquées en fer (tetsu) ou composées d’alliages (kinko) de différents métaux. Les plus courants sont les alliages de cuivre et d’or (shakudô) et de cuivre et d’argent (Shibuichi) mais il en existe également à base de laiton ou de plomb.

Une tsuba ne demande pas d’entretien particulier. Cependant, en fonction des matériaux utilisés pour sa fabrication, notamment le fer, il conviendra de la protéger de la corrosion en la nettoyant régulièrement avec une huile végétale comme celle utilisée pour nettoyer la lame du sabre. De plus, il faudra veiller à ce que du « jeu » n’apparaisse pas à force d’utiliser le sabre. Le démontage du sabre peut alors se montrer nécessaire pour resserrer l’ensemble.

Un peu de vocabulaire :

  • Nakago-ana désigne l’ouverture centrale dans laquelle vient s’insérer la lame du sabre. Elle est de forme plus ou moins triangulaire,
  • le kozuka-hitsu-ana est le trou dans lequel vient prendre place le kogatana, une petite lame de la taille d’un couteau. De la forme d’un haricot, il est situé à la gauche du nakago-ana (vue omote),
  • Le Kogaï-hitsu-ana permet de ranger les kogaï, une paire d’épingles utilisées pour réparer l’armure, comme pince à cheveux… Il est situé à la droite du nakago-ana (vue omote). Aussi bien le kozuka-hitsu-ana que le kogaï-hitsu-ana ne sont pas obligatoirement présents sur une tsuba,
  • Le contour du nakago-ana se nomme le seppadaï. C’est à cet endroit que seront montées les seppa. C’est sur le seppadaï qu’est habituellement gravée la signature (mei) du forgeron. Cette signature contient le plus souvent son nom et son école, plus rarement son prénom ou le lieu et la date de conception de la tsuba.
  • Le bord extérieur de la tsuba s’appelle mimi alors que sa surface est appelée ji.
  • Certaines tsubas possèdent deux trous percés dans leur partie inférieure. Ces trous permettaient de passer une cordelette appelée udenuki qui était reliée au poignet du samouraï ou à sa saya (le fourreau). Cette cordelette gênait la sortie du sabre de la saya, rappelant ainsi au samouraï de ne sortir son sabre que quand ce n’était réellement nécessaire.
Tsuba matsu sukashi
Tsuba matsu sukashi

Crédits photos : https://www.unphotographe.be/

Published inNihonto

Be First to Comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *